BdmL - Essen 2017 : le salon

Spiel 2017 du 26 au 29 octobre

Pour la 4e fois, nous nous sommes rendus avec mon épouse à Essen en Allemagne pour assister au Spiel. Nous n'étions pas les seuls puisque 182 000 visiteurs ont parcouru le salon, soit 8 000 de plus qu'en 2016. Les allées étaient effectivement plus remplies dès les premiers jours, malgré l'ouverture de nouveaux halls portant la surface d'exposition à 72 000 m2 (tous les halls en jaune sur le plan).

L'album photo de cette année est disponible en suivant ce lien. Et afin de vous donner un aperçu de la fréquentation, j'ai également enregistré une petite vidéo vendredi matin dans le hall 1.


Premières impressions

La première chose qui nous a frappé est l'omniprésence d'Asmodée. Ils sont devant les portes du hall 3 comme chaque année, mais également devant celles du hall 1 maintenant. Ce sont les 2 entrées principales sur le salon, il est donc impossible de les manquer. Ils ont même installé un écran vidéo gigantesque dans le hall 1 pour diffuser des interviews et parties en cours (on l'aperçoit dans la vidéo). Quant à leur "Business Lounge" elle est évidemment la plus grande du salon.
Les stands des autres grands acteurs du jeu de société (Pegasus, Kosmos, Queen Games, Ravensburger, Haba, Hasbro, etc...) sont plus traditionnels ce qui ne les aura pas empêché d'être bondés durant les 4 jours.

Il fallait donc être patient pour accéder aux tables de jeu et bénéficier d'une explication sommaire, en anglais, dans une ambiance particulièrement bruyante. Ce sont les charmes du salon... Mais malgré tout, le plaisir de se retrouver parmi ces milliers de joueurs et de boîtes est vraiment grisant. Et comme de toute façon il est impossible de juger un jeu après une seule partie surtout dans ces conditions, notre but est simplement d'affiner notre sélection, afin de cibler les jeux qui ont le plus de chances de nous plaire et pourquoi pas d'en découvrir d'autres.


Commandes & Pré-commandes

Jeux commandés et déjà reçus avant le salonPré-commandes récupérées sur le salon
Je ne reviendrai pas sur les jeux déjà reçus et qui ont commencé à apparaître sur le site. Pour les suivants, j'avais succombé à l'esthétique d'Agra qui semble malheureusement ne pas avoir été tout à fait à la hauteur des espoirs que beaucoup avait mis en lui. Enfin en ce qui concerne les jeux Capstone (The Ruhr, Wildcatters et Lignum), j'ai profité de leur présence sur le salon pour faire la razzia, même s'il ne s'agit que de ré-éditions.
Pour le reste, peu de jeux sortant du lot cette année, j'ai finalement pioché à la fois dans mes 2 listes et même un peu au-delà. Nos essais sur place, le bouche à oreille et le classement Fairplay nous aurons bien aidé dans ces choix.


Les jeux du salon

Fairplay 2017
Gaia Project 4,4
Clans of Caledonia 4,4
Azul 4,2
Rajas of the Ganges 3,9
Altiplano 3,9
Istanbul Würfelspiel 3,8
Heaven + Ale 3,8
Memoarrr ! 3,8
Noria 3,8
Calimala 3,7
Merlin 3,6

Le classement Fairplay (présenté à droite) fait référence sur le salon. Un regard sur les résultats des années précédentes (cf comptes-rendus) suffit à convaincre de son sérieux. Mais à part son changement de système de notation, maintenant sur 5 étoiles comme ici, il n'aura pas réservé beaucoup de surprises. Les principaux jeux attendus sont là et les autres ne sont pas bien loin. Il leur a juste manqué quelques notes pour être classés.

Avec un bouche à oreille excellent et au final une 3e place au fairplay, Azul a été pour moi le jeu du salon. J'avais des réserves à la lecture des règles, elles ont été en grande partie balayées après l'avoir essayé.
L'autre buzz du salon était pour Altiplano qui s'est trouvé épuisé dès le premier jour... Du coup, les rares exemplaires encore disponibles dans les boutiques se négociaient le samedi autour de 85 euros.
Enfin parmi les jeux un peu moins attendus, Santa Maria d'Aporta Games a séduit beaucoup de monde. Il est basé sur des dés, mais un peu plus lourd que les habituelles productions de l'éditeur.

Quant à Gaia Project, malgré sa 1ère place au fairplay, j'ai fait l'impasse. En cause, son prix élevé, la crainte d'une parenté trop évidente avec Terra Mystica, la thématique SF qui me parle moins et le matériel que je ne trouve pas spécialement joli. Asmodée, éditeur des versions françaises et anglaises, ne l'a d'ailleurs pas présenté. Peut-être afin d'éviter un mauvais buzz comme pour À la Gloire d'Odin l'an dernier, les prix annoncés étant encore 40 à 50% plus élevés que l'édition originale de Feuerland...

Premiers choix

Après avoir récupéré mes pré-commandes, nous avons commencé par les jeux pour lesquels j'étais le plus confiants et les avons pris sans même les essayer.

  • Calimala : J'avais déjà été séduit à la lecture de la règle et l'esthétique n'a fait qu'accentuer mon enthousiasme, surtout avec le deluxe kit offert aux premiers acheteurs...

  • Merlin : Il s'agit encore d'un jeu de dés, un de plus, beau et coloré. Et même si les premiers retours semblent indiquer qu'il n'est pas exceptionnel, l'association de Stefan Feld avec Michael Rieneck me paraît intéressante. Et puis le pack à prix promo avec Pioneers m'a convaincu.

  • Pioneers : Il est signé Emanuele Ornella, auteur de l'excellent Hermagor qui était lui aussi un jeu de parcours et réseau. Les échos sont très bons, notamment auprès des francophones que nous avons croisés. Une raison de plus pour craquer sur le pack promo Queen Games.

  • Loot Island : Depuis quelques années déjà What's Your Game ? est l'un des éditeurs dont les jeux me correspondent le mieux. Et même si Loot Island est assez léger, je leur fais pleinement confiance.

  • Keyper : Richard Breese revient à sa série des "Key" (Keythedral, Key Harvest, Key Market, Keyflower) qui sont tous excellents. On y retrouve des meeples (pardon des keyples) et des problématiques de production mais dans un contexte particulièrement original. C'est sans doute l'une des nouveauté 2017 qui mettra le plus à rude épreuve nos neurones.

  • Transatlantic : J'étais déjà conquis à 80% rien que sur le nom de l'auteur (Mac Gerdts) et le fait qu'il reprenne une base de deck-building comme pour Concordia. A la vu du matériel je l'ai pris direct.


Jeux sélectionnés sur place

Pour ceux-là, nous avons hésité un peu plus longtemps avant de craquer...

  • Riverboat : 4e jeu de Michael Kiesling présenté cette année, après Azul, Reworld et Heaven + Ale, Riverboat est celui qui nous aura d'emblée le plus séduit. Un jeu de placement/culture/récolte/transport le long du Mississippi dont nous n'avons malheureusement pu avoir qu'une explication rapide en fin de journée. Les tables étaient prises d'assaut sur le stand commun Mayfair/Lookout. Une lecture rapide de la règle en soirée, le suivie d'une partie en cours et quelques retours très positifs sur le jeu auront fini de nous convaincre.

  • Tybor der Baumeister : Le seul nouveau jeu d'Alexander Pfister cette année est un petit jeu de cartes... Et en plus il est recommandé par Gus. La prise de risque est faible, il a donc rejoint notre collection.

  • Rajas of the Ganges : Le jeu est très agréable et surtout ludique avec ses nombreux dés colorés et notre plateau individuel servant à la construction de notre domaine. Le système des 2 pistes de score en sens inverse semble également bien trouvé pour mettre fin à la partie et déterminer le vainqueur sans se perdre dans des décomptes interminables.

  • Immortals : Il s'agit (encore) d'une nouvelle version de Wallenstein. Beaucoup de changements ont été effectués dans le but de dynamiser le jeu et de le recentrer sur les combats. Le plateau représente un même monde 2 fois, un côté pour l'ombre, l'autre pour la lumière. Les territoires sont identiques, et les cartes de provinces sont uniques et indépendantes de ces 2 mondes. Autrement dit, un joueur majoritaire dans une province sur le côté ombre, peut perdre sa carte si un joueur gagne la majorité sur la même province côté lumière.
    Évidemment la tour de Wallenstein est toujours là pour résoudre les combats.

  • Azul : Un jeu abstrait à l'allemande pour 2 à 4 joueurs. Une mécanique simple, de vrais interactions et un décompte à chaque tour de jeu en plus du décompte final. J'avais des craintes sur ces derniers points, assez inhabituels pour un jeu abstrait, mais finalement ça passe plutôt bien. Le matériel est superbe et le prix raisonnable. Voilà un concurrent sérieux pour les récompenses ludiques de 2018.

  • Majesty : Un style de jeu qui fait envie, signé Marc André, auteur de Splendor et Barony chez Hans im Glück. Les retours sont bons, donc je l'ai commandé en VF dès notre retour.


Ceux auxquels nous avons renoncé

Parce que ni notre budget, ni notre temps pour jouer ne sont illimités, il faut savoir renoncer à certains pour mieux se consacrer aux autres.

  • Bärenpark : Un tétris sur plateau qui tourne plutôt bien, mais n'apporte pas grand chose. C'est familial mais dans le genre Uwe Rosenberg a déjà bien fait le tour.

  • Bronze : A la lecture de la règle j'avais été séduit par ce jeu, mais en le regardant tourner, l'abondance de cartes à points de victoire (city cards), sortes d'objectifs secrets, nous a bien refroidi. Et comme il n'a pas fait parler de lui, nous avons fait l'impasse.

  • Pulsar 2849 : Madame a pu jouer une partie légèrement raccourcie (5 tours au lieu de 8), je me suis contenté d'observer. Question mécanique rien à redire, on sent la maîtrise de Vladimir Suchy. Mais cette mécanique écrase le jeu dont on ne sent plus trop l'intérêt, à par un cumul de points. Quitte à prendre un jeu de dés, nous avons préféré choisir Rajas of the Ganges qui nous a paru plus ludique.

  • Dragon Castle : Un jeu abstrait où chacun joue un peu trop dans son coin. Le matériel n'est franchement pas au niveau, avec des pierres en plastique et des plateaux très légers. La comparaison avec Azul qui utilise lui aussi des pierres façon mah-jong, lui est fatale.

  • The Palace of Mad King Ludwig : Le système d'achat et de pose des tuiles a été simplifié, mais le principe reste un peu le même que pour la construction du Castle of Mad King Ludwig. Par contre on manipule beaucoup de jetons, juste pour tracer ce qui est fait en tenant à jour notre tableau personnel. Avec en plus des bonus assez alambiqués et un prix élevé, nous avons préféré ne pas le prendre.


Jeux bradés

Le salon c'est aussi des jeux des années précédentes à petits prix. Parmi les affaires de cette année on trouvait des Dynasties, Porta Negra, Capital Lux, Linko !. Pour ma part j'ai jeté mon dévolu sur La Isla, Venezia 2099 et (enfin !) Rhein River Trade que Marco et Stefania nous avaient fait essayer il y a 2 ans... La sortie chez Giochi Uniti est passée complètement sous silence et a manifestement abouti à un flop incompréhensible.


Bilan

Nous avons ramené cette année 17 boîtes d'Allemagne, et avec les commandes d'avant et après le salon, on monte à 22, soit à peu près la même chose que les années précédentes. Comme quoi le monde du jeu, malgré ses mutations, continue de nous donner envie. Espérons juste que les prix ne s'envolent pas sous l'impulsion des Kickstarter, tel Gloomhaven (140 euros !) qui s'est vendu comme des petits pains. Dans notre collecte, Agra, Keyper, Immortals et les jeux Capstone dépassent déjà les 50 euros, un palier qui était plus rarement franchi ces dernières années.
Quoi qu'il en soit, nous verrons dans les prochaines semaines si du point de vue ludique cette cuvée 2017 aura été à la hauteur.

Enfin, à côté de tous ces jeux, le salon est aussi un lieu de rencontre. Rencontres avec des joueurs de tous horizons et toutes nationalités, autour des tables, avec le monde francophone du jeu grâce aux pots proposés par certains éditeurs et bien sûr rencontre avec le web ludique francophone notamment lors de l'apéro Proxi-Jeux du samedi.
De quoi rapporter avec nous bien plus que des boîtes...

Merci à tous, et à l'année prochaine !


L'album photo d'Essen 2017