BdmL a 15 ans (fév 2016)

Voilà 15 ans que BdmL est en ligne et s'intéresse aux jeux de société. L'occasion pour moi de remercier une fois de plus ceux qui me lisent et de revenir un peu sur l'évolution de notre petit monde...

Il y a 15 ans, les éditeurs français précurseurs s'appelaient Descartes et Tilsit... Les jeux venaient principalement d'Allemagne, les éditions françaises rares, quant aux traductions, elles étaient soit minimalistes (comme celles d'Oya), soit réalisées par quelques passionnés pour eux-mêmes et leurs amis. Internet commençant à se démocratiser, ils mettaient ces traductions en ligne, à la disposition de tous.
Internet justement nous permettait de nous retrouver entre passionnés afin d'échanger des avis, des conseils, d'éclaircir des points de règle et de discuter stratégies. Une communauté de joueurs s'est ainsi créée, avec à l'avant garde l'Ankou puis TricTrac, suivis par de nombreux sites personnels, comme BdmL, et d'associations. Cette communauté de passionnés n'est pas restée fermée sur elle-même et a largement contribué à l'essor le jeu de société moderne vers le grand public en partageant avec des amis, des parents et des enfants, ses découvertes. Après tout n'est-ce pas l'essence même du jeu de société ?

En 15 ans, tout à changé...

Aujourd'hui, les éditeurs se sont multipliés et les francophones sont omniprésents, Asmodée est devenu un "monstre" qui avale éditeur après éditeur. Et le nombre de jeux publiés n'a jamais été aussi élevé. Le jeu de société est devenu un bien culturel rentable même en France, et c'est merveilleux de penser qu'aujourd'hui des personnes arrivent à vivre de notre passion qui est bien souvent aussi la leur. Souhaitons juste qu'ils aient encore les moyens de l'exprimer librement.
En effet, comme pour d'autres secteurs culturels, l'essor du monde du jeu semble conduire l'essentiel de la production francophone vers ce qui paraît le plus rentable : le jeu familial. Certes les jeux sont encore variés, mais peu à peu les éditeurs français s'éloignent du marché de niche que représentent les jeux pour passionnés. En la matière ils se contentent le plus souvent de proposer des traductions. La prise de risque paraît moindre, mais le marché est encore bien plus restreint... Le passionné que je suis, habitué pendant des années à se contenter de jeux en VO aura bien souvent déjà acheté l'édition originale, avant une hypothétique VF trop souvent tardive, et faisant parfois l'objet d'approximations de traduction.
Certains ont déjà fait les frais de traductions inutiles, comme Iello avec Madeira, un jeu qui même s'il est très bon, ne s'adresse qu'aux plus motivés des gros joueurs (une niche dans la niche...), sorti en VF plusieurs mois après la VO alors qu'il ne présente aucun texte sur son matériel.

Avec tout ça, je continue donc d'acheter majoritairement des jeux d'éditeurs étrangers, qui sont encore rarement en français. La part des jeux allemands a un peu diminuée, au profit d'éditeurs venant essentiellement d'autres pays européens. Ces nouveautés sont pour la plupart présentées à Essen qui reste LE SALON de référence en ce qui me concerne.
Je suis ouvert à la diversité en matière de jeux. J'ai adoré Linko, acheté Colt Express et je prendrai sans doute Mysterium. Mais les jeux qui nourrissent la plupart de mes fantasmes ludiques sont des "gros" jeux, et c'est pour eux que je suis prêt à casser ma tirelire. D'ailleurs le budget jeux des "geek" est sans commune mesure avec celui des familles...
Alors même si la création d'un gros jeu est sans doute plus exigeante, plus longue et plus risquée, c'est également un secteur en pleine expansion comme en témoigne les réussites des derniers Splotter et What's your Game ?. J'espère juste que les éditeurs francophones ne l'oublient pas.

Et la suite...

Je ne me suis jamais fixé de date butoir ou d'objectif de fréquentation du site. Maintenir BdmL me prend beaucoup de temps, mais j'aime découvrir régulièrement de nouveaux jeux de société, et partager mon avis, tout en essayant de rester le plus objectif possible. Ça oblige à se poser des questions et réfléchir un peu au-delà du simple j'aime, j'aime pas.
Bien évidemment, vos retours et nos échanges que ce soit par email, sur les réseaux sociaux ou lors de rencontres, sont autant de motivations à continuer.
Et qui sait, peut-être qu'un jour les jeux de société deviendront pour mon épouse, qui est ma première partenaire de jeu et relectrice, et pour moi-même un peu plus qu'une passion.


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