Spiel'24 - Essen
Cette année encore le Spiel qui s'est tenu du 3 au 6 octobre a battu tous les records. Nous avons été 204 000 visiteurs sur l'ensemble des 4 jours, pour découvrir les 923 exposants venant de 52 pays et occupant 68500 m2 répartis sur les 6 Halls d'exposition.
Il faut dire que jeudi 3 était un jour férié en Allemagne et nombreux sont ceux qui en ont profité pour venir passer un week-end au Spiel. En effet, alors que nous n'étions pas encore entrés dans le salon, nous apprenions que les billets pour jeudi et vendredi étaient déjà tous écoulés. Ceux qui n'avaient pas anticipé se sont donc retrouvés à la porte du salon, avec une pancarte à la main, espérant récupérer un precieux ticket. On se serait cru à un concert.
Peu de temps après, c'était au tour des billets pour samedi. Et finalement ceux de dimanche, journée traditionnellement plus calme, ont été épuisés à leur tour dimanche en cours de matinée.
Bref le salon a fait le plein au maximum de ses capacités. Un beau succès pour les organisateurs, mais à l'intérieur des Halls ça faisait vraiment beaucoup de monde, beaucoup de bruit et beaucoup de joueurs qui veulent découvrir les mêmes jeux que nous.
Depuis l'an dernier, la répartition des exposants dans les Halls est faite selon le type de jeux publiés : experts, connaisseurs, familiaux, jeux de rôle et de figurines (cf plan du salon). Le but est de réduire les allées et venues entre les 6 Halls d'exposition. Les plus fréquentés étaient comme d'habitude le Hall 3, consacré aux jeux pour connaisseurs et experts, et le Hall 6 réservé aux jeux familiaux. Mais les autres étaient loins d'être vides pour autant. On y circulait juste un peu plus facilement.
Au niveau des éditeurs et des jeux les plus en vue, les tables étaient bondées de 10h à 18h sans interuption. Heureusement de nombreux visiteurs se contentent de quelques tours de jeu pour essayer de se faire leur opinion avant d'acheter... ou pas. Car finalement nous n'avons pas eu le sentiment de voir beaucoup de sacs bien remplis cette année. Les joueurs deviendraient-ils plus raisonnables ?
Les jeux du salon
Commençons par ceux que nous avons pu essayer : Nova Roma, Campus Gali, Steam Power et The First Tsar.
La sélection des actions de Nova Roma nous a plu, mais les actions en elles-mêmes, beaucoup moins. Mis à par le petit jeu de majorité assez malin sur les zones de constructions, le reste ne nous a pas donné envie de le ramener.
Campus Gali nous a paru bien trop alambiqué pour un jeu de ce type. On passe notre temps à reprendre les pièces posées pour vérifier les éléments qu'elles recouvrent. Nous avons très vite renoncé.
Pour Steam Power, nous avons joué une partie entière cette fois. C'est un bon Wallace "familial+", mais qui nous a plutôt donné envie de ressortir Age of Steam pour aller plus loin dans la thématique. Et puis surtout nous n'avons pas vraiment apprécié le plateau de jeu imprimé sur une sorte de foulard. On aurait préféré un vrai plateau, quitte à payer quelques euros de plus.
Enfin, The First Tsar n'a apparemment pas réussi à trouver son public. Pourtant sans être vraiment original le jeu nous a fait plutôt une bonne impression lors des 2 manches que nous avons joué. Son prix a été revu à la baisse en cours du salon, ce qui nous a décidé à le prendre.
D'un point de vue plus général, le jeu allemand épuré que nous aimions tant a quasiment disparu au profit de jeux plus démonstratifs, plus fournis en matériels de toutes sortes. Kickstarter n'y est pas étranger et beaucoup d'éditeurs proposaient leurs jeux financés de cette façon. Ils profitent même du salon pour présenter leurs prochains jeux pour lesquels les campagnes de financement seront bientôt lancées si ce n'est pas déjà fait.
Parmi les anciens, Friedeman Friese continue avec son style très personnel. Il tente de retrouver le succès grâce à une nouvelle version de Power Grid / Funkenschlag, mais fait clairement moins le buzz qu'auparavent. Idem pour Reiner Knizia, adulé il y a quelques années, mais Rebirth sa grande nouveauté aura peu fait parler. Seul Uwe Rosenberg s'en sort un peu mieux avec Black Forest qui a été bien apprécié sur le salon. Mais pour ma part je trouve que ça ressemble un peu trop à ses anciens classiques.
Les éditeurs incontournables d'hier, Hans im Glück et Alea, ne proposent rien dans ce qui était pourtant leur domaine de prédilection : les jeux pour connaisseurs/experts.
Les autres se convertissent petit à petit comme Deep Print Games qui s'impose de plus en plus comme un éditeur de premier plan avec un très gros stand pour mettre en avant leurs nouveautés. Leur jeu phare de cette année : Civolution, de Stefan Feld. Il a été l'un des grands succès de ce salon, épuisé rapidement en version anglaise. Il s'agit d'un jeu très lourd, avec un plateau individuel digne d'une gigantesque feuille Excel.
Même Queen Games pourtant coutumié des jeux familiaux allemands propose des jeux plus fournis pour la plupart. La série "City" des rééditions de jeux de Stefan Feld en est le parfait exemple. Mais ces nouvelles versions enrichies ne m'ont guère convaincu jusqu'ici et il en aura été de même avec Nassau cette année.
CGE qui communique depuis déjà plusieurs mois autour de l'arrivée de SETI aura fait une nouvelle fois carton plein sur un stand toujours aussi imposant. Ayant précommandé le jeu, je ne m'y suis pas attardé, mais les premiers retours semblent à la hauteur des attentes.
Gros succès également pour les espagnols de Devir chez lesquels il était bien difficile d'essayer Daitoshi et chez Ludonova pour Men-Nefer. J'ai finalement passé mon tour pour le premier peu attiré par le plateau en rond et surtout le plateau individuel trop chargé. Par contre j'ai été séduit par Men-Nefer et son thème sur l'Egypte ancienne.
Du côté des auteurs, là-aussi le renouvellement commence à se faire sentir. Thomas Holek, inconnu jusqu'ici, déboule avec 3 jeux et non des moindres : SETI, Galileo Galilei, Tea Garden. Stan Kordonskiy avec 3 jeux aussi : Minos: Dawn of the Bronze Age, Nova Roma et The First Tsar. Dani Garcia avec Daitoshi et Widmill Valley. Et j'en oublie évidemment beaucoup d'autres.
Et à part les eurogames ?
Pas de 18XX présenté sur le salon cette année. Ce type de jeux ne semble toujours pas faire recette en Allemagne et même peut-être en Europe d'une façon plus générale. C'est dommage, mais ça nous laissera un peu de temps pour découvrir ceux qui attendent encore sur nos étagères.
Par contre les wargames sont un peu plus présents. The Other Side of the Hill a attiré les amateurs au point d'être "sold-out" dès vendredi. Belle performance pour un jeu complexe dont le thème n'est pas particulièrement engageant. Les boîtes semblent s'être plutôt bien vendues également chez Sound of Drums. Ils présentaient notamment 1793 Patriots & Traitors et la série History of the Ancient Seas dont fait parti Hellas qui était dans ma pré-sélection. Il est déjà bien rangé, prêt à être joué.
Le succès des tables de jeu ne se dément pas année après année et elles sont présentes sur beaucoup de stands d'éditeurs. Rathskellers, Geeknson et Hüne font très fort en exposant de nombreux modèles. Mais ils ne sont pas les seuls sur ce marché, même si les autres sont bien plus discrets.
Gros succès également pour les boutiques de puzzles 3D toujours plus beaux et inventifs, mais aussi pour la boutique Boardgamegeek avec ses nombreux goodies pour rendre nos jeux encore plus beaux. J'ai craqué pour les jetons marchandises en acryliques d'Antiquity et mon épouse pour les puzzles 3D.
Enfin côté rencontres cette année a été plutôt calme. A part le désormais traditionnel apéro Proxi-Jeux de samedi après-midi, nous avons eux l'occasion d'échanger avec Pardieu de l'Expert Game Award. Il a visiblement beaucoup apprécié Civolution et ne tarit pas d'éloges pour Inferno. Des jeux dont nous surveillerons les avis, mais qui ne nous ont pas suffisamment donné envie pour le moment.
Et de 8 !
Voilà pour un résumé rapide de ce qui nous a marqué pour notre 8e Spiel à Essen. On termine toujours sur les rotules, mais c'est à chaque fois une poussée d'adrénaline unique pour les amoureux des jeux de société que nous sommes.
Nous avons été assez raisonnables et surtout prudents cette année. Aux jeux visibles sur la photo présentée ci-dessous (Stephens, Arborea, The First Tsar, The Other Side of the Hill, L'extension d'Anno 1800, Powergrid Outpost, Men-Nefer, Galileo Galilei, Cities, Fischen, 1 A.M. Jailbreak, Up or Down, Zero to Hero et de nouvelles maps pour Ark Nova) s'ajouteront SETI et La Habana, précommandés avant Essen, et Ada's Dream pledgé sur Kickstarter juste après avoir vu le jeu sur le salon.
Tout en continuant notre diversification ludique nous ne renions pas un seul instant les différentes étapes de notre parcours, et les eurogames ont toujours une large place.
A très bientôt.

L'album photo du Spiel'24