Coups de gueule 2016
Quelques efforts sont encore nécessaires...

On entend partout que le monde du jeu se professionnalise ce qui est sans doute vrai au regard des moyens mis en oeuvre pour nous vendre un jeu aujourd'hui. Mais il faut rappeler à certains qu'être pro, ce n'est pas seulement proposer de beaux jeux, tous les ans. Il y a encore des "points de détails" qui fâchent.


La qualité de rédaction des règles

Comme il est agréable de lire une règle bien structurée, aérée, agrémentée d'illustrations et d'exemples aidant à la compréhension des mécanismes du jeu. A l'inverse il est particulièrement désagréable et encore beaucoup trop fréquent de se trouver face à des règles mal conçues multipliant les renvois en tout sens, des imprécisions, des ambiguïtés de formulation, voir des oublis.
Elles sont pourtant l'élément principal et commun à tous les jeux. Qu'ils soient beaux, laids, minimalistes ou pleins de figurines, sans règles claires point de plaisir ludique.
Certes leur longueur effraie souvent le joueur inexpérimenté. Mais la solution n'est certainement pas de supprimer des éléments pouvant aider à leur compréhension. Et avec le rythme actuel des sorties, un jeu qui déclenche un mauvais buzz sera vite enterré, même après la résolution des problèmes si celle-ci tarde un peu trop (Hyperborea).
C'est d'ailleurs l'autre point sur lequel je voudrais revenir à propos des problèmes de règles... L'erreur est humaine, mais une fois connue, elle doit être corrigée. Et ça ne signifie pas seulement que l'auteur ait validé des modifications sur les forums du boardgamegeek, mais bien une mise à disposition rapide et officielle des correctifs par l'éditeur sur son site web et en accompagnement des boîtes vendues en attendant la prochaine édition corrigée.


Les traductions approximatives

Imaginez-vous à Essen face aux dernières nouveautés dont tout le monde parle. Et puis on vous apprend qu'une version française du jeu va sortir. Vous vous dite "Super, je vais attendre qu'elle arrive, ça élargira mon panel de partenaires potentiels". Si vous avez de la chance elle arrivera vite, mais souvent cela prend plusieurs mois. Quand elle arrive enfin, vous vous plongez dans la règle et ne parvenez pas à en comprendre certains points ou vous trouvez des contresens par rapport à la version originale. Quand vous avez de la chance, vous trouvez un bel errata dans la boîte (A la Gloire d'Odin) ou sur le site de l'éditeur. Pire que tout, vous vous rendez-compte que des éléments essentiels au jeu, comme des cartes ont été mal traduites (Quartermaster).
Malheureusement ce genre de situation arrive encore trop souvent. Les correctifs finissent par arriver, en ligne, mais lorsqu'il s'agit d'éléments de jeu, comme des cartes, la moindre des choses est de proposer d'en expédier de nouvelles à tous ceux qui en font la demande. Et malheureusement cela n'est pas encore systématique et parfois bien long.
Lorsqu'une telle expérience vous est arrivée, si l'anglais ne vous rebute pas trop, vous finissez par acheter les jeux dans la langue de Shakespeare. Vous aurez en plus la certitude de trouver les extensions si un jour elles sont publiées.


Les premières éditions bâclées

Les dates du Spiel à Essen ont beau être connues des années à l'avance, vous entendez toujours les mêmes rengaines : Problèmes de livraison, de fabrication, règles bâclées, matériel inadapté ou en quantité insuffisante (Dilluvia Project), etc...
Heureusement la plupart des éditeurs réagissent aujourd'hui rapidement, proposent des solutions (parfois même déjà sur le salon). Mais pour d'autres cela traîne ou devient une habitude. Il est quand même regrettable que les joueurs les plus passionnés, ceux qui économisent pour se payer le déplacement à Essen ou qui pré-commandent leurs jeux se retrouvent à devoir gérer ces problèmes. J'en suis à mon 3e Essen, et à chaque fois j'ai eu des soucis avec quelques uns des jeux ramenés. Rien d'insurmontable, mais on se dit qu'un peu d'anticipation aurait permis d'éviter une grande partie de ces ratés.

Alors mesdames et messieurs les éditeurs, le marché du jeu est en pleine expansion et chacun est avide d'en profiter. Mais ne négligez pas votre produit, ni votre clientèle. Ce que nous voulons avant tout en tant que joueur, ce sont de bons jeux, mais si nous devons les faire nous même, nous arrêterons de vous les acheter.


Les passionnés trop enthousiastes

Enfin je terminerais par un coup de gueule envers certains blogueurs et passionnés qui parlent bientôt plus des jeux avant leur sortie qu'après. N'avez-vous pas assez de jeux à votre disposition que vous éprouviez le besoin d'aller regarder ce qui va sortir des mois à l'avance ? Avec plus de 1000 nouveautés à chaque Essen, il serait bien étonnant de ne pas trouver matière à satisfaire notre passion pendant quelques mois. Les sorties disponibles dans 6 mois ou 1 an, on aura bien le temps de s'en préoccuper après.
Laissez les communiquants faire leur boulot, tenter de nous persuader que le prochain jeu sera ultime, comme à chaque fois, mais ne tombez pas dans le panneau. Ce qu'on attend de vous en priorité ce sont des avis étoffés, réfléchis et sans complaisance. Un moyen de faire le tri parmi ces 1000 nouveautés pour n'acheter que celles qui nous apporteront la plus grande satisfaction. Les bons jeux sont nombreux, les très bons restent rares. Mais ce sont ceux-là qu'il ne faut pas manquer et il devient de plus en plus difficile de s'y repérer.