Spiel 2022

Après 3 années de disette, c'est un immense plaisir de retrouver l'ambiance du Spiel, cet univers parallèle où toutes les nouveautés ludiques sont à notre porté. Ces 4 jours hors du temps, nous ont fait beaucoup de bien, même si on en sort épuisé et frustré de ne pas pouvoir tout essayer, ni acheter, comme à chaque fois.

Cela dit, tout n'est pas rose dans notre univers de joueurs, à commencer par le prix de l'entrée qui grimpe : 34 € pour 2j, 68 pour les 4. Et ce n'était malheureusement que le début. Nous avions beau nous y attendre, voir le prix des jeux s'envoler comme jamais n'est pas réjouissant.
Le prix standard du gros jeu devient 70€. Et bien entendu, ces envolées ne sont pas justifiées par une abondance de matériel, mais juste par des coûts de production et de transport qui s'envolent. A ces tarifs, on ne peut pas acheter autant de jeux qu'avant, et on a encore moins envie de se planter.
Je ne sais pas où cela nous menera, mais j'ai peur que certains éditeurs en fassent les frais et par suite les joueurs qui auront moins de choix. Les erreurs coûteront cher, donc les prises de risque vont se raréfier. Kickstarter était déjà en train de devenir la norme pour la publication de gros jeux, ça ne va sans doute pas s'inverser.

Reste toutefois quelques étrangetés dans ce contexte. Par exemple, la version anglaise d'Atiwa qui est 5€ moins cher que la version allemande, alors que les 2 versions sont signées Lookout, éditeur allemand récemment passé dans l'escacelle d'Asmodée. On nous explique pourtant depuis des années que traduire un jeu coûte cher. Là ça fait baisser le prix...
Il y a aussi quelques bonnes surprises, comme Ravensburger qui essaie de résister en proposant la nouveauté Alea, Council of Shadows à 49,9€ "seulement", avec en plus une réduction de 20% pendant le salon sur tous leurs jeux. Ils sont coutumiers du fait mais malheureusement toujours aussi peu suivis.

Le 2e phénomène qui existe pourtant depuis longtemps mais m'a marqué particulièrement cette année est un certain manque d'inspiration, à moins que ce ne soit un manque de prise de risque qui commence à apparaître.
On trouvait beaucoup de jeux de pose de tuiles/jetons pour scorer, un peu dans l'esprit de Cascadia (Savannah Park, Caldera Park, Fyfe, Akropolis, Deities, etc ). L'effet Spiel des Jahres sans doute. Il y avait également une abondance de nouvelles éditions, heureusement parfois retravaillées mais pas toujours : Amsterdam/Macao, New-York/Brugge, Hamburg/Rialto, Les palais de Carrara, Les princes de Florence, Crossing Oceans/TransAtlantic, Keydom's Dragon/Morgenland, Kohle & Kolonie), Azul; ou des jeux dérivés de précédents succès comme Great Western Trail : Argentina, Terra Nova (Terra Mystica), ...

Enfin, il nous a semblé que de plus en plus de jeux ressemblent à des jeux solo en multijoueurs. Les plateaux individuels s'agrandissent et les interactions sont souvent très limitées. On perd un peu la côté social du jeu de société si chacun gère son tableau dans son coin, sans que les autres puissent voir et suivre ce qu'on fait. Certes on est tranquile dans notre développement, mais ce sont justement les interactions qui apportent souvent du piment et du renouvellement dans les jeux. C'est l'un des aspects qui nous a motivé à nous lancer dans la découverte des 18xx il y a un peu plus de 3 ans..


Les jeux du salon

Classement Fairplay 2022
Cat in the Box 4,2
Tribes of the Wind 4,2
Turing Machine 4,2
QE 4,1
Splendor Duel 4,1
Akropolis 4
Atiwa 4
Evergreen 4
Kites 4

Le classement Fairplay (présenté à gauche) fait souvent référence sur le salon. Mais il faut toujours le regarder avec prudence, car tous les jeux ne sont pas pris en compte et les votants ne sont pas très nombreux.
En 2018 lors de notre dernière visite sur le salon, les 3 premiers étaient Belratti, City of Rome et Lift Off. Que reste-t-il de ces jeux 4 ans plus tard ?
Les notes sont plus élevées cette année, alors peut-être resteront-ils un peu plus dans les mémoires. Mais pour ma part, ils ne m'ont pas beaucoup donné envie et je n'ai finalement pris qu'Akropolis.

Avec ces augmentations et la volonté d'éviter les jeux dont on se lasse après 2 ou 3 parties, nous avons été plus sélectifs que les années précédentes. Nous ne ramenons "que" 11 nouvelles boîtes dont 3 18xx.

Les jeux achetés sur le salon (cf photo) :

Auxquels il faut ajouter ceux commandés en ligne avant le salon et qui devraient arrriver d'ici quelques semaines :

Enfin, East India Companies n'était malheureusement pas disponible, mais les retours sont très bons et il devrait rejoindre ma collection lorsqu'il sera disponible en boutique.

Par contre, nous avons laissé :



En conclusion

Le salon et le jeu de société ont pratiquement tourné la page covid. Seul le port du masque, obligatoire lors de cette édition, nous rappelle encore cette triste période. Mais les visiteurs sont de retour. Nous avons été 147 000 cette année, contre un peu moins de 100 000 l'an dernier, et près de 200 000 en 2019. Il faut reconnaître que cette fréquentation légèrement plus modeste n'était pas pour nous déplaire. Les tables étaient un peu plus accessibles et les allées plus agréables à parcourir, même durant le week-end où le salon est habituellement envahi par les familles.

Au chapitre des regrets, pour nous qui nous diversifions de plus en plus, je déplore que les 18xx , les COINs ou autres wargames, n'aient pas été un peu plus présents. Pas une table ne présentait 1880: China, alors qu'il s'agissait d'une nouveauté Lookout, et sur sa petite table, Leonard Orgler n'avait même pas la place de poser correctement les plateaux de 18Mag et 18DO. Il s'agit certes d'un marché de niche, mais j'ai tout de même l'impression que la niche s'agrandit.
Côté jeux historiques, la proposition de GMT était également minimaliste. C'est bien dommage alors qu'ils ont fait des efforts de diversification ces dernières années en sortant des jeux plus accessibles aux joueurs européens (Red Flag over Paris, Flashpoint : South China sea, Versailles 1919, ...) et des 18xx.

Enfin, comme chaque année le Spiel a été l'occasion de rencontrer bon nombre de passionnés, d'auteurs et même quelques lecteurs de BdmL, d'échanger avec eux sur les jeux mais pas uniquement. De quoi ne pas oublier que dans le nom de notre passion il y a le mot "société" et que ce n'est pas anecdotique.



L'album photo d'Essen 2022