Spiel 2018 - Le compte-rendu

Un Spiel ça se mérite ! 900 km depuis Grenoble, soit une journée complète de route.
Hasard de circonstances, lors d'un moment de détente et de ravitaillement au Luxembourg, nous croisons ReiXou avec 2 membres de l'équipe de Jeux en Société, eux aussi grenoblois et bien évidemment en route pour Essen où se déroule le salon. Il nous reste encore un tiers du trajet, mais cette fois sur les routes allemandes. Et si nos autoroutes sont belles mais payantes, les autoroutes allemandes sont certes gratuites et non limitées (la plupart du temps), mais elles sont toujours en travaux. Et qui dit travaux, dit bouchons... C'est une forme de répétition pour ce qui nous attend à Essen.


Jour 1 : Jeudi 25 octobre

Année après année, le Spiel bat ses propres records. Après l'espace mis à disposition (80 000 m2), c'est le nombre de visiteurs qui atteint cette fois 190 000. Les jeux de société font plus que jamais recette, surtout en Allemagne, berceau de leur renaissance. Entrée du Hall 1
Conséquence moins agréable pour le visiteur, c'est la grosse affluence à l'ouverture des portes. Et si pour ma part je bénéficie d'un accès presse qui me dispense d'un passage en caisse, ce n'est pas le cas pour mon épouse... 1h plus tard, nous pouvons enfin nous présenter à l'entrée du hall 1

On commence par faire le tour des jeux les plus prometteurs (Newton, Teotihuacan, Magnastorm, Gugong), afin de s'assurer de leur disponibilité et vérifier au passage que le matériel est à la hauteur. Les tables sont déjà toutes prises d'assaut et leur nombre est bien insuffisant pour satisfaire la demande. On ne cherchera même pas à se les faire expliquer.

De longues files d'attente commencent à se former pour se procurer les plus attendus, sans doute par peur des "sold-out". C'est notamment la grosse affluence chez Game Brewer, l'éditeur belge qui propose des réductions allant jusqu'à 20% sur leurs nouveautés 2018. Une initiative qui a rencontré un grand succès auquel j'ai contribué en achetant Gugong, Gentes et Architectura, pendant que madame essaye Festo!, un jeu très coloré, mais sans grand intérêt, en compagnie de 2 autres grenoblois croisés sur le stand.

Dès ce premier jour, je suis refroidi par certains jeux de ma sélection :

Nous aurons également consacré une grande partie de la journée à notre rôle de "mule" pour un ami gros consommateur de jeux.


Jour 2 : Vendredi 26 octobre

On commence la journée chez Starling Games pour essayer de récupérer un exemplaire d'Everdell pour un ami. Mais les queues à l'entrée sont toujours aussi longues et le temps d'arriver jusqu'au stand, il est déjà trop tard. J'avoue être assez désabusé de cette façon de faire et du coup je renonce définitivement.

Nous essayons d'approcher quelques tables afin d'avoir des éléments pour parfaire nos choix et ce n'est vraiment pas facile. Je n'aime pas jouer sur un salon comme le Spiel, surtout à des gros jeux qui sont pourtant ceux qui m'attirent le plus. Mais ils demandent de la concentration, des explications claires, du temps et du calme pour être correctement évalués. Difficile de réunir ces conditions ici. Je préfère donc me contenter d'explications, d'une rapide lecture de règles ou d'un suivie d'une partie, pour essayer de me faire rapidement une idée.

Et justement, je m'arrête sur le stand d'AEG où David Short lui-même commence l'explication de Scorpius Freighter qui m'avait déjà tapé dans l'oeil avant le salon. Ses explications sans faille achèveront de me convaincre. J'aime l'idée de ces trois roues d'actions partagées entre les joueurs. De l'interaction au cœur du jeu, des objectifs, du développement, et un thème bien utilisé, tout ce qu'on aime ! Et en bonus j'aurai droit à une dédicace.
Dans la foulée, ce sera une explication de Lift Off chez Hans im Glück. Un jeu qui au moins du point de vu esthétique ne ressemble pas du tout aux productions habituelles de l'éditeur. Niveau mécanismes par contre, ça reste plus classique et surtout l'interaction semble limitée au draft des cartes action en début de tour. Néanmoins le thème me plaît. La version anglaise devrait arriver au printemps 2019, mais il n'y a pas énormément de texte sur les éléments du jeu.

Enfin nous espérions également pouvoir nous appuyer sur les premiers retours du classement fairplay pour nos choix, mais la liste est bien courte et les premiers jeux mis en avant, City of Rome et Crown of Emara, ne me motivent pas beaucoup, même après un parcours rapide des règles.


Michael Kiesling présente son dernier jeu : "Azul : les Vitraux de Sintra"

Jour 3 : Samedi 27 octobre

La journée commence très fort puisque nous retrouvons au petit déjeuner à notre hôtel Davy, alias Déludik. Nous discutons évidemment jeux mais aussi impression 3D, domaine dans lequel son expérience m'aura été d'une aide précieuse pour parvenir à prendre en main ma Creality CR-10 mini. Ces discussions ne nous aurons pas aidé pour arriver en avance aux portes du salon, or comme chaque année le samedi est la journée la plus chargée. C'est donc reparti pour un 3e jour de queue, suivi d'une journée de folie. Pour vous en donner un aperçu, j'ai enregistré 2 courtes vidéos :

Nous décidons de nous orienter pour commencer vers des halls moins fréquentés (les 4, 5 et 6). Au passage nous prenons Pandoria sur les conseils de Déludik. Voyant que notre liste d'achats ne semble pas exploser, nous nous rapprochons du stand Ravensburger afin d'y essayer et peut-être prendre Carpe Diem. Malheureusement nous avons été bien trop lents, le jeu vendu seulement 28€ sur le salon, était déjà épuisé depuis jeudi après-midi. Dommage.
Nous terminerons notre visite par le stand Queen Games sur lequel des français nous inviterons à essayer avec eux Bastilles. Un jeu plutôt sympathique dont nous avons apprécié le début de partie, mais qui nous a déçu dans son dénouement.

Traditionnellement nous terminons la journée de samedi à l'apéro Proxi-Jeux. L'occasion de nous retrouver entre passionnés francophones et de voir que nous ne sommes pas les seuls à être étonnés par le classement fairplay provisoire.


Bastille

Jour 4 : Dimanche 28 octobre

Bien qu'il s'agisse du jour le plus calme, c'est encore la bousculade pour entrer dans le Messe.
Nos principaux achats sont faits, nous profitons de cette dernière journée pour flâner dans les allées, à la recherche du jeu qui nous aurait échappé ou d'éventuelles bonnes affaires. Certains ne souhaitent pas repartir avec leur stock de boîtes, alors à l'approche de la fin du salon les réductions se multiplient. Ainsi le stand de "AllGames4You" propose -10% sur l'ensemble de son stock en début d'après-midi, puis -20 % un peu plus tard. Juste ce qu'il me fallait pour motiver mes derniers achats avant de prendre la route : Lift Off et Tribes.


Les jeux du salon

Classement Fairplay 2018
Belratti 4,0
City of Rome 4,0
Lift Off 3,9
Coimbra 3,8
Meeple Circus 3,8
Neom 3,8
Carpe Diem 3,7
Tudor 3,7
Azul : Les Vitraux de Sintra 3,6
Spring Meadow 3,6
The River 3,5

Le classement Fairplay (présenté à gauche) fait habituellement référence sur le salon. Mais cette année il a étonné voir choqué tout le monde au point que beaucoup se demandaient s'il est encore aussi pertinent. Il faut dire qu'avec l'accroissement du nombre de nouveautés, les "skout" de fairplay ont peut-être du mal à suivre...

Heureusement, au fil des jours, on a tout de même vu apparaître quelques jeux plus attendus et plus "gamers" comme Azul : Les Vitraux de Sintra, Lift Off, ou encore l'excellent Coimbra. Blackout : Hong Kong, le nouveau bébé d'Alexander Pfister échoue quant à lui aux portes du classement, par manque de votes.
Enfin, rien du tout sur Gugong, Newton, Forum Trajanum, Scorpius Freighter, Magnastorm, Pandoria et bien d'autres.

Quant au Geekbuzz, le classement réalisé par boardgamegeek sur la base de votes des visiteurs du salon, il ne reflète que l'envie que procure un jeu, mais en rien ses qualités réelles.

En ce qui nous concerne, nous avons finalement ramené 13 jeux et 3 extensions (cf photo ci-dessous) :

Auxquels il faut ajouter ceux commandés en ligne avant et après le salon :
A l'exception de Futuropia, tous les jeux de ma 1ere liste ont donc rejoint ma ludothèque, accompagnés par 5 de la seconde. Pas de surprise, ni de révélation et 1 seul véritable imprévu, Das Tiefe Land, histoire de profiter du prix attractif de la VO.


La photo de notre butin

Bilan

Les années passant et le monde du jeu se professionnalisant, la pré-sélection effectuée avant même l'ouverture des portes du salon devient quasiment suffisante. Heureusement car il est matériellement impossible de tester la plupart des nouveautés qui nous intéressent. De toute façon, jouer dans ce brouhaha, avec des explications parfois approximatives, est loin d'être idéal. Et même dans des conditions favorables, il faut généralement plusieurs parties pour se faire une idée juste d'un jeu. C'est pourquoi on se focalise essentiellement sur ceux pour lesquels on a encore des doutes, afin de trouver un élément qui va faire basculer notre décision dans un sens ou un autre.

Au chapitre des reproches et regrets, j'ai vraiment le sentiment que la gestion des entrées a été bien plus problématique cette année que les précédentes.
Enfin, comme chaque année de nombreux éditeurs ne font aucun effort sur les prix. Du coup leurs jeux se retrouvent plus cher sur le salon que dans nos boutiques. Parmi les mauvais élèves de cette année on trouve les Space Cowboys (Orbis), AEG (Scorpius Freighter), Plan B (Azul : les Vitraux de Sintra), Cranio (Newton), Renegade Game Studio (Reykholt), Iello (Detective), et j'en oublie.
D'autres font de réels efforts qui méritent d'être salués, comme Game Brewer, Ravensburger ou encore PD Verlag. On pourrait même y associer Hans im Glück qui est l'un des rare éditeurs à produire des jeux pour amateurs vendus moins de 40€.

Alors on peut finalement se demander quel est l'intérêt d'aller à Essen ? C'est fatiguant, coûteux, il est difficile d'essayer les jeux et ils sont rarement moins chers qu'en boutique.
Oui, mais le Spiel c'est le salon de la démesure autour de notre passion. C'est une ambiance unique et grisante, une bouffée d'adrénaline de 4 jours qui nous donne envie de jouer pour les 12 prochains mois... jusqu'au Spiel suivant. Une parenthèse salvatrice que j'ai la chance de partager avec mon épouse qui est aussi ma première partenaire de jeu.



L'album photo d'Essen 2018